Depuis ses débuts, l'internationalisme ouvrier n'a cessé d'être travaillé, dans ses doctrines comme dans ses pratiques, par le phénomène national. L'étude des archives de la CFDT et de la CGT permet d'analyser la répartition du travail syndical opérée sur le thème de l'immigration par les centrales africaines et françaises. Elle amène notamment à examiner tout d'abord les logiques qui ont conduit les syndicats africains à tenter de contrôler les revendications des travailleurs subsahariens établis en France, puis la marginalisation dont ces derniers ont été l'objet de la part de syndicats français. Plus largement, elle souligne la bureaucratisation du mouvement ouvrier français, qui s'est déconnecté des luttes sociales de l'immigration, participant ainsi à la crise de la représentation syndicale en France.
Pour les sans-papiers, rien n'est jamais acquis quant aux bonnes pratiques des syndicats. Les épisodes alternativement victorieux et malheureux des mouvements de grève sur les lieux de travail de 2008 et 2009 illustrent les contraintes qui pèsent sur cette rencontre entre syndicats et sans-papiers.
La question des syndicats ouvriers face aux mouvements de sans-papiers ne se comprend sans doute pas au singulier, ni hors du cadre plus vaste vis-à-vis des étrangers. Curieusement, dans un pays de vieille tradition migratoire comme la France, l'étude historique de ces postures reste lacunaire, au moins pour la période d'avant les années 1970, où l'introduction de travailleurs était soumise à une sorte de pacte d'invisibilité, a fortiori si elle était « sauvage » ou « clandestine ». Dès les années 1980, on assistera à un combat pour la reconnaissance du statut de travailleur, à l'initiative des étrangers eux-mêmes.
Cet article présente une synthèse de résultats de recherches sociologiques menées sur le racisme dans les entreprises et les organisations syndicales depuis quinze ans. En France, la question des discriminations dites « raciales » comme problème social et la mise en place d'un dispositif public destiné à les réprimer est relativement récente...
Cet article se propose de mettre en évidence les principales dimensions de l'action du syndicat des travailleurs domestiques de la commune de Rio de Janeiro. Il évoque d'abord, comment l'accès des travailleurs domestiques à de nouveaux droits sociaux a entraîné la formation d'un nouveau sens du juste chez les bonnes et concouru à la multiplication de litiges avec leurs employeurs...
Alors que l'immigration irrégulière constitue une bonne partie de l'ensemble des migrations vers l'Europe et lorsqu'on sait que les sans-papiers sont exploités dans tous les pays membres de l'Union européenne, PICUM s'est engagé dans le respect des droits humains de toutes les personnes vivant en Europe. Le besoin de dénoncer cette violation des droits de l'homme a été à l'origine d'un rapport pour protéger les travailleurs migrants sans papiers dont la présente contribution donne un aperçu. L'auteur donne ici des exemples des méthodes employées par des ONG, des syndicats et des militants en Europe et aux Etats-Unis pour renforcer la position des travailleurs sans papiers et décrit dix types d'actions susceptibles d'être menées afin de protéger ces travailleurs suivies des recommandations d'ordre politique.
La mise en visibilité du racisme au travail est le sujet des analyses présentées ici. Tout d'abord, un état des lieux des pratiques raciales dans deux domaines différents : Les responsables des chambres consulaires avec Olivier Noël et les syndicalistes avec François Vourc'h, Véronique De Ruder et Simona Tersigni. Estelle Carde étudie pour sa part les pratiques de discrimination dans l'accès aux soins. Marc Bernardot et Fatima Outaghzafte-El Magrouti montrent, à partir de l'univers de la détention, comment le racisme est au centre d'une idéologie défensive de métier. Laura Frader, historienne américaine, clôt le dossier, avec un exemple des nombreuses et célèbres études sur les opératrices du téléphone.
Outre la dimension économique à travers laquelle elle est le plus souvent perçue, la crise de l'intégration de la société française s'applique à la société dans son ensemble, et donc aussi aux institutions de socialisation et de régulation sociale : famille, école, habitat social, entreprise, syndicats, champ politique, idéologies messianiques. La crise identitaire se manifeste de différentes manières et revêt plusieurs dimensions, s'observant d'bord dans la difficulté à faire le deuil de la perte des colonies, dans la construction européenne, dans la mondialisation. C'est dans ce contexte général qu'apparaît la crise des valeurs et du sens. Ainsi, la crise de l'intégration des immigrés (ou plutôt des politiques les concernant) n'est que l'une des dimensions de la crise de la société française.
Le racisme au travail est abordé ici grâce à l'étude d'une entreprise de transports publics dont l'un des problèmes majeurs est l'insécurité urbaine. Au sein de cette organisation, le syndicat a lié ces deux thématiques afin de favoriser l'intégration définitive de jeunes embauchés sur des fonctions de médiation. Le refus d'inscrire ce type d'activité dans la grille des métiers a eu un double effet bénéfique : éviter les écueils de la professionnalisation ethnique, accorder une légitimité à des savoir-faire relationnels liés à l'"origine" des jeunes salariés. On constate au total que l'option retenue par les syndicalistes de l'entreprise aura permis d'enrayer le durcissement des conflits entre les professionnels des transports et les jeunes des cités. (résumé de la revue)
Ce numéro est consacré à l'accueil des étrangers sur les marchés du travail de pays européens et nord-américains. Il tente de répondre à certains nombres de questions concernant les dynamiques d'immigration depuis le début de la décennie 1990, les politiques mises en ouvre pour réguler l'immigration et définir le statut des migrants, le rôle des acteurs sociaux et notamment des organisations syndicales dans les débats sur les politiques migratoires, le rôle de l'Union européenne à la veille de l'élargissement.
Présentation du travail effectué de 1997 à 2001, par les chercheurs de l'URMIS en partenariat avec la CGT. L'originalité de ce travail tient à son objet, qui n'est pas en soi le racisme et la discrimination dans l'entreprise, mais la manière dont cette question est traitée dans et par une organisation syndicale.
Comment comprendre l'émergence de la thématique des discriminations qui vient supplanter celle de l'intégration ? Comment lutter contre la discrimination dans le monde du travail ? Des dispositifs d'intervention, les nouvelles orientations européennes, le travail de réseau sont quelques outils présentés dans ce livre.
Etude de l'intégration syndicale des travailleurs étrangers en Suisse depuis 25 ans et évolution de l'idéologie syndicale.
Cet ouvrage collectif regroupe plusieurs contributions sur le thème de la syndicalisation des travailleurs migrants en Californie. Ils sont présents dans des emplois manuels, à savoir dans des secteurs d'activités qui ont représenté la forteresse des organisations syndicales. À la fin du 20e siècle, le défi consistant à recruter de la main-d'oeuvre immigrée dans les rangs des syndicats s'est inscrit dans un projet plus ample visant à reconstruire le mouvement des travailleurs. En effet dès 1965, le déclin de ce mouvement a énormément touché les migrants. Les travaux ici présentés posent de nombreuses questions notamment sur les effets que les transformations mises en place dans l'industrie locale ont eu dans la syndicalisation, sur l'influence de l'environnement politique et culturel dans les revendications syndicales des migrants, sur la manière dont le statut légal de migrant influence l'engagement dans le mouvement syndical.